Sunday, April 21, 2013

La légende de White-Eagle et de White-Stallion ©




Il y a bien longtemps, un aigle royal de couleur sombre fondit sur le dos d’un étalon sauvage d’un blanc immaculé et y enfonça ses serres. Le fier mustang se cabra et sa crinière fouetta l’aigle mais ce dernier ne lâcha pas prise. L’étalon se mit alors à galoper à travers la plaine l’esprit de l’aigle, puissant et invisible, accroché à son dos. Il ruait, se dressait, bondissait, secouait la tête, hennissait de colère sans arriver à se débarrasser de son encombrant cavalier.
Les ailes déployées, l’oiseau de proie plana quelques instants avant de revenir se poser sur un rocher.
De longues plumes fines et immaculées jaillissaient de cette blessure et en peu de temps elles devinrent de majestueuses ailes blanches sur le dos de l’étalon.
Ce dernier n’arrivait pas à y croire. Il balançait la tête de droite à gauche pour regarder ce magnifique manteau de plumes blanches qui désormais recouvrait son dos et ses flancs.
« Tes plumes sont trop sombres. Tu es trop visible pour tes proies. Je vais les recouvrir de ma crinière, elles auront la couleur de la neige des cimes sur lesquelles tu deviendras invisible. Et quand tu planeras dans le ciel, elles réfléchiront la lumière du soleil, ce qui va aveugler tes adversaires. »
L’étalon pris son envol et le suivit. Les deux déployèrent leurs ailes, s’élevèrent dans le ciel et bientôt, ils disparurent dans la lumière du soleil. On ne les revit plus.

Au bout d’un moment, il perdit son souffle et fut obligé de s’arrêter. Il sentait les serres de l’aigle enfoncées dans sa chair, mais il ne le voyait pas. Il balançait sa longue queue blanche et soufflait de colère. Ses naseaux frémissaient, ses yeux lançaient des éclairs et ses oreilles dressées ressemblaient à des pointes de flèches.
-« Que fais-tu sur mon dos ? Ta place est dans le ciel » dit-il à l’aigle. Si je pouvais voler comme toi je ne quitterais jamais les airs, sauf peut-être pour me poser sur les cimes des montagnes.
- Voler, tu le pourrais, si je le veux. Répondit l’aigle
- Moi ? Voler ? Comment cela serait-il possible ?
- Je suis le fils ainé de Wakan-Tanka, le Grand Esprit. Mon père ne me refuse rien et il a le pouvoir de te faire voler si tu t’engages à le servir.
- Que dois-je faire ? demanda le fier mustang.
- Si tu acceptes de m’aider à conduire vers lui l’âme des guerriers morts au combat et celle des sages dont les mots éclairent leur peuple, il t’accordera le pouvoir de voler.
- J’accepte dit l’étalon.
L’aigle pris alors son envol. Il lança un cri qui se répercuta sous la voute céleste. Un cri semblable au sien, venu d’on ne sait où, lui répondit.
Sur les flancs de l’etalon on pouvait voir quelques fines trainées du sang qui s’écoulait de l’endroit ou l’aigle avait planté ses serres.
« J’aimerais te remercier de l’immense faveur que me fait ton père » dit-il à l’aigle.
« Si tu veux. » dit l’aigle dubitatif.
« L’étalon se cabra et sa blancheur immaculée sembla produire une sorte de halo qui s’éleva vers le ciel et recouvrit l’aigle dont les plumes prirent la couleur de la neige. »
L’aigle s’élança dans les airs et cria au cheval sauvage : « Viens dans mon royaume !»
Depuis, quand la nuit est claire on peut deviner leur vol à travers la trainée blanche qu’ils laissent entre les étoiles.
Les visages pâles parlent de voie lactée mais les amérindiens savent bien que ce sont les ailes de White-Eagle et celle de White-Stallion que chevauchent l’esprit des guerriers pour aller à la rencontre de Wakan Tanka, le Grand Esprit.

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